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Le journal de Fred
22 novembre 2023

Le dîner de Ludivine

Aujourd’hui, c’était à Ludivine de cuisiner. J’étais bien content que ce ne soit plus mon tour. En fin de journée, j’attendais son retour pour lui donner un coup de main. Je savais pertinemment que Chrissie ne l’aurait pas aidé. Dès que j’ai entendu le bruit des clés dans la porte, je me suis précipité pour la voir. Elle avait fait des courses et portait plusieurs sacs. J’ai avancé vers elle en lui proposant mon aide.

Elle m’a tendu le plus gros sac et m’a remercié. Nous avons tout déposer dans la cuisine. Chrissie continuait de regarder sa série et n’a pas pointé son nez.

- Je peux te donner un coup de main si tu en as besoin ?

- C’est gentil, mais si tu m’aides, ce ne sera plus une surprise.

- C’est comme tu veux, lui ai-je répondu un peu déçu.

Je suis retourné dans la chambre. Chrissie regardait toujours sa série sur sa tablette. Elle ne me voyait même pas. Moi, je n’aime pas trop ces séries ridicules. Au début, je regardais avec elle pour lui faire plaisir mais plus le temps passait, plus je trouvais ça pourries. Je m’ennuyais. Je suis donc allée voir Ludivine qui était en train de couper la viande. Contrairement à moi, elle avait procédé comme une professionnelle. Tous ses ustensiles étaient disposés dans un certain ordre sur le plan de travail. Les épices étaient dans des petites assiettes. J’admirais son organisation. Elle remarqua que j’étais en train de la regarder et elle me dit :

- Tu es revenu ?

- Chrissie regarde sa série mais moi je n’aime pas ces séries à l’eau de rose.

Elle a rigolé et m’a dit :

- Tu me rassures, Fred. Je ne suis donc pas la seule sur cette Terre, a trouvé cette série trop nulle.

- Au moins, on est deux.

- Tu es sûr de ne pas vouloir savoir si la belle et sexy Lupita va perdre ses pouvoirs en embrassant le beau Dylan ?

- J’en suis sûr et certain.

On rigolait. Puis, ayant pitié de moi, elle m’a proposé :

- Si tu veux m’aider, j’avais prévu de faire une tarte aux pommes en dessert. Tu peux éplucher et découper les pommes en fine lamelle.

- OK, avec plaisir.

J’étais content de lui donner un coup de main, j’avais l’impression de me sentir utile dans cet appart qui était maintenant un peu le mien aussi.

- T’as passé une bonne journée ? lui ai-je demandé.

Elle arrêta de couper la viande et me regarda fixement. Je n'ai pas compris pourquoi elle était si surprise par cette question. Elle me demanda alors :

- Ça t’intéresse vraiment de le savoir ou tu demandes ça par politesse ?

J’étais un peu gêné. Je voulais juste faire la discussion, rien de plus. Je devais m’expliquer et vite.

- Je sais pas. Moi, ma journée, je l’ai passé ici à rester enfermé dans la chambre avec Chrissie. Je me demande à quoi peut ressembler la journée de quelqu’un qui a une vraie vie.

Mon baratin l’a rassurée, elle a souri et m'a répondu :

- OK, donc la fille qui a une vraie vie, est allée bosser et elle a passé une bonne journée… J’ai aidé deux mamies à installer des logiciels sur leurs ordi.

- Mais qu’est-ce que ces mamies font sur des ordis ?

- Je me suis posé la même question et j’ai fouillé. Figures-toi qu'elles ont une vie très active sur les réseaux de troisième âge. Elles sont un peu comme des influenceuses pour les vieux. Elles essaient des salons de thé, des cures thermales et même des cabinets médicaux et elles donnent leurs avis. C’est dingue ça !

- Eh bien ça alors !

- Moi, je trouve ça cool !

- C’est sûr !

Puis, Ludivine et moi, on est allés dans un délire à nous imaginer vieux. Elle me disait qu’elle aimerait bien devenir testeuse de produits high-tech pour les vieux.

- Je me vois très bien en train de tester le dernier déambulateur intelligent avec GPS et Google assistant intégré, très pratique pour retrouver les toilettes. 

- Moi, je serai le champion de basket de la maison de retraite. J’entrainerai mon équipe à faire des boules avec les mouchoirs en papier et à viser la poubelle.

On a bien ri. Puis, Ludivine a imaginé Chrissie et m’a dit :

- Et imagines Chrissie, elle sera toujours en train de suivre sa série dans son fauteuil à bascule. La petite fille de Lupita va-t-elle perdre ses pouvoirs en embrassant le petit fils de Dylan ?

On a éclaté de rire. Chrissie a dû nous entendre et elle a débarqué.

- Qu’est-ce qui vous fait rire comme ça ?

Ludivine et moi, on se souriait sans rien dire. Je lui ai répondu :

- C’est la cuisine qui nous fait rire, c’est la cuisine.

Je ne pouvais pas lui dire la vérité, elle aurait fait une crise.

- Fred, tu as déjà fait la cuisine hier, tu ne devrais pas l’aider. Hier, Ludivine ne t’a même pas aidé.

- C’est moi qui lui ai proposé mon aide, ai-je répondu.

- De toute façon, j’ai fini. Dans vingt minutes, c’est prêt, a conclu Ludivine.

Elle a mis la tarte au four et vingt minutes après, nous étions à table.

Elle avait fait un lapin à la moutarde.

- J’étais sûre que tu allais faire ça. J’aurais dû le parier. Tu fais tout le temps ce plat, a lancé Chrissie.

- Oui, mais Fred, lui, ne l'a jamais goûté, répliqua Ludivine.

J’ai goûté son fameux lapin à la moutarde et je l’ai trouvé délicieux, excellent.

- Bravo Ludivine. Je n’ai jamais mangé de lapin à la moutarde aussi bon que celui-là. Et c’est vrai, je ne le dis pas pour te faire plaisir. Waouh ! Si ma mère était là, elle dirait que tu es bonne à marier.

Ludivine a souri et m’a remercié. Puis, elle n’a plus dit un mot. Ça m’a fait bizarre de la voir si silencieuse, ce n’était pas dans ses habitudes. Je pense qu’elle était émue par ce que je lui avais dit. Pour briser le silence, j'ai demandé :

- La moutarde, c’est parce que vous venez de Dijon ?

- Oui et non. Dijon, ce n’est plus vraiment la ville de la Moutarde, bien qu’il y ait le nom de la ville sur tous les pots. Dijon, c’est la ville de la culture, de la chouette.

- Oui, Dijon, c’est une très belle ville. J’y suis allé une fois, au Comicon au Congrès.

- On habitait pas loin de là, avenue Poincaré.

On a continué la soirée à comparer la ville et Dijon. Chrissie regrettait Dijon, elle m’a dit que j’étais la seule chose qui avait de bien dans cette ville.

- Je suis d’accord avec Chrissie, a déclaré Ludivine instinctivement.

- Toi aussi, tu penses que je suis la seule chose de bien dans cette ville ? ai-je rebondi en souriant fièrement.

Alors que Chrissie commençait à froncer les sourcils, Ludivine très embarrassée tenta de rassurer sa sœur :

- J’étais d’accord avec toi, Chrissie, sur le fait qu’il y a ici des gens bien qui font la différence. J’ai de très bons amis ici et des collègues sympas.

Ses arguments n’ont pas convaincu Chrissie. Pour changer de sujet, j’ai proposé qu’on passe à la tarte. Ludivine a coupé en trois parts. On a mangé, c’était trop bon. Pour détendre l’atmosphère, j’ai lancé :

- Si cette tarte est si bonne, c’est grâce à moi, j’ai trop bien coupé les pommes.

- C’est sûr, tu excelles dans l'art de couper les pommes, a répondu Ludivine avec ironie.

On a rigolé. Puis, j’ai proposé de faire la vaisselle. Chrissie m’a aidé. Avant de regagner la chambre, j’ai remercié Ludivine pour ce bon repas. Je savais que ça lui ferait plaisir. Elle m’a souri et m’a souhaité bonne nuit... 

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