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Le journal de Fred

10 avril 2024

Riwan à la rescousse - partie 1

Hier soir, je n’arrivais pas à dormir. Je crois que ces vacances commencent à me rendre malade. Ça aurait été plus simple de dire à Chrissie qu’on fasse moitié-moitié, après tout, c’est ça aussi l’égalité homme-femme. Mais, ça me fera passer pour un gros nulos, un radin. Surtout avec cette chère Linda qui n’arrête pas de vanter son super Jérèm qui lui paye tout, ça le fout mal. Après, je ne suis pas Jérèm, lui, il a 25 ans, un boulot, un appart, moi, juste un étudiant de 19 ans et demi qui crèche encore chez mes parents… Et puis, je me dis que si Chrissie voulait d’un mec comme ça, elle ne serait pas avec moi. Mais je dois trouver cet argent pour elle, j’aimerais tant lui faire plaisir. Je lui avais promis ses vacances, je veux tenir ma promesse.

J’ai réfléchi et j’ai cherché qui dans mes connaissances pouvaient me prêter cette somme. Je me suis rappelé d’un copain de la fac, Riwan, que j’ai vu un jour dépanner l’un de mes potes de quelques billets. J’ai cherché son numéro avec mes contacts et je l’ai appelé. J’avais un peu honte de lui en parler au téléphone. Je lui ai dit que je souhaitais le voir. Il était OK et m’a donné rendez-vous à 9 heures en ville sur la grand place.

A 9 heures pile, il était là. J’étais épaté par sa ponctualité. Il m’a salué et m’a lancé :

- Fred qui m’appelle, c’était une vraie surprise. Je me suis demandé toute la soirée la raison de ton appel et vu ta tête, tu dois avoir des problèmes.

- Oui, bien vu. Je m’excuse d’avance de t'avoir contacté pour ça. J’aurais besoin de réunir une certaine somme rapidement. J’aimerais que tu me dépannes, je te rendrai avec les intérêts, promis.

- Rassures-moi, tu ne t'es pas fourré dans un mauvais coup ?

- Non, non, qu’est-ce que tu vas t’imaginer ? Rien de grave, je veux juste emmener ma copine en vacances.

- Ok. J’ai vu ta meuf sur Tik-book. C’est une vraie bombe cette fille-là. Je comprends que tu veuilles lui faire plaisir. Tu aurais besoin de combien ?

- 1500€.

- 1500 ! T’es fou ? Tu veux ma mort là ?

- Je t’ai vu prêter de l’argent à Chris la dernière fois !

- Je l’ai dépanné de 300€, pas de 1500 ! Je suis désolé mais là, si tu as besoin d’autant pour garder cette fille, quitte-la !

- Je veux juste lui payer des vacances à la mer.

- Je comprends, mais moi aussi, je vais bientôt partir en vacances avec ma copine. Je ne peux vraiment pas t’aider. Désolé.

J’étais hyper déçu. Il a dû le voir à mon visage dépité, il me proposa :

- Pourquoi tu ne te cherches pas un boulot ? Moi, j’étais inscrit dans la boîte d’intérim là-bas. Y a des petites missions qui payent bien.

- La boîte d’intérim ? J’y avais pas pensé. Merci. Je vais aller faire un tour.

- Tiens-moi au courant.

Je suis donc allé à la boîte d’intérim qu'il m'a indiquée. C’était un petit bureau à l'angle de la rue principale et de la grand place. Il y avait plein d'offres de mission placardées un peu partout sur leur vitrine et tout autant à l’intérieur. Une secrétaire était à un bureau au fond de la pièce. Elle s’entretenait avec un homme, un intérimaire qui se plaignait de sa dernière mission. Il n'y avait aucune confidentialité, j’entendais tout de leur conversation. Il disait qu’il ne voulait plus bosser pour eux que ça payait mal et qu'il était exploité. C’était déjà un mauvais signe. En attendant mon tour, j'ai zieuté des offres : manutention, agent administratif, serveur… Il y avait plein de postes qui m’intéressaient. Quand l’homme eut fini, je suis allé prendre sa place au bureau de la secrétaire. Je lui ai dit que je souhaitais travailler pour eux et que j’avais déjà repéré des missions qui pourraient m’intéresser. Elle m’a donné une fiche d'inscription avec une liste interminable de pièces à fournir. Elle m'a invité à la rappeler lorsque j’aurai réuni toutes les pièces et à ce moment-là, elle me proposera une date pour procéder à mon inscription. Je suis sorti de là complètement abasourdi. Juste le temps de réunir les pièces, on sera déjà vendredi. C’est vraiment nul ! J'ai rappelé tout de suite Riwan pour lui raconter. Il m'a dit :

- J’avais oublié ce détail. Désolé. Retrouve-moi à la gare. Mon train est dans une demi-heure. Je suis au café à l’entrée.

 

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27 mars 2024

Moi, radin ! Au secours !!!

Tout l’aprèm, je n’ai pas arrêté d’y penser. J’ai regardé sur mon compte, il n’y avait que 502€ dessus. J’avais un billet de cinquante euros dans mon portefeuille et quelques pièces, je n’emmenais pas large avec ça. En discutant avec Chrissie, je me suis rendu compte que j’étais focalisé sur la location, mais que ce serait pas ma seule dépense. Il fallait participer à la bouffe, aux sorties et aux consos en boîte. Ce n’est pas 500 euros qui me manquait mais au moins 1500… 1500 !  J’avais envie de crier, d’hurler très fort.

C’est la première fois que j'angoisse autant pour le blé. Jusqu’à ce jour, je n'avais pas de tunes et je m'en foutais. Je vivais bien avec l'argent de poche que me donne mon père tous les mois et jusqu'à aujourd'hui,  ça me suffisait. Mais là, les choses sont différentes. Et ces vacances me montrent combien l’argent est important dans la vie, dans une vraie vie d’adulte. Ce soir,  j'ai emmené Chrissie manger un kebab et pour la première fois, je réagissais comme un radin. J’ai pris les formules les moins chères et je me suis plaint en disant que ça ne valait pas le prix. 18,98 euros, c’était trop cher pour deux kebabs et deux boissons. Chrissie trouvait bizarre de m’entendre me plaindre toute la soirée, ça ne me ressemblait pas. Je ne m’en rendais même pas compte, mais, je n’arrête pas de penser à cette location et à ces vacances que j’ai peur de ne pas pouvoir offrir à Chrissie, ça me perturbe, ça m’inquiète grave.

Quand j’ai commencé à me mettre à compter les centimes qui restaient dans mon portefeuille, je me suis dit « Stop ! », il fallait que ça s’arrête, je devais trouver de l’argent et vite.

J’ai d’abord pensé à demander à mes parents. Mais, plus j’approchais de la maison, moins je le sentais. Papa avait déjà payé les réparations de ma voiture et la peinture de la carrosserie. Je ne lui avais même pas demandé combien ça lui avait coûté. J’y ai renoncé finalement. Je trouverai une autre solution, il le faut.

19 mars 2024

L'argent que je n'ai pas

Quand à midi, j’ai sonné à la porte de Chrissie. Elle m’a tout de suite ouvert et m’a sauté au cou. Nous nous sommes embrassés, mais on a vite été interrompu par une voix qui venait de son téléphone. Elle disait :

  • Alors Chrissie, c’est bien Fred ? Il est revenu ?

J’ai reconnu la voix de Linda.  Chrissie arrêta de m’embrasser et fit :

  • Oups ! J’ai oublié que j’étais en visio avec Linda.

Et elle courut récupérer son portable qui était sur la table. Elle approcha le portable vers moi et j’ai vu le visage de Linda qui me souriait.

Chrissie lui cria :

  • Tu vois Linda, il est revenu !
  • Je suis contente pour toi.
  • Salut Linda ! On dirait que je vous dérange dans votre visio. Je peux repartir si vous voulez ? leur ai-je lancé pour les taquiner.

Chrissie m’enlaça bien fort pour me retenir et s’écria :

  • Tu ne pars plus ! Tu restes avec moi !
  • Je vais vous laisser. Juste une info, Jérèm a enfin pu se faire valider ses deux semaines de congés. Il a commencé à rechercher la location. Il a trouvé un bungalow pied dans l’eau, c’est trop top.
  • Pied dans l’eau ! Génial ! On part quand ?
  • Il propose qu’on y aille vendredi après-midi pour qu’on puisse en profiter tout de suite.
  • Je suis trop pressée, s’exclama Chrissie qui trépignait d’impatience.

Finalement, Linda n’a pas raccroché, elle nous a envoyé des photos du bungalow et des vidéos du Village vacances. Chrissie avait du soleil dans les yeux. Elle se voyait déjà étendue sur son transat à faire bronzette.

Moi, je ne disais rien, je n’avais qu’une question qui trottait dans ma tête, elle allait me coûter combien, ces vacances ? Et plus je regardais les vidéos, plus j’étais inquiet. C’était vraiment un endroit beau et très bien situé, un petit coin de paradis.

Linda qui a remarqué que je ne disais rien, a demandé :

  • Tu ne dis rien, Fred, ça ne te plaît pas ?
  • Si, si. C’est un très joli endroit, très chic. Jérèm t’a dit combien allait revenir la location ?
  • Non, je t’avoue que je ne lui ai même pas posé la question. Vu que c’est lui qui paye pour moi. Je vais lui demander si tu veux.
  • Oui, je veux bien.

Dans l’après-midi, l’info est tombé. Linda a envoyé le prix de la location par texto à Chrissie.

  • Quoi ? 1821€. C’est une blague ? C’est un Village Vacances 4 étoiles ou quoi ?
  • C’est un bungalow pied dans l’eau, Fred ! Ça coûte un peu plus cher qu’un simple camping et rassure-toi, comme on fait moitié moitié, ça nous revient 910,50€ pour nous deux pour les quinze jours.

Pour Chrissie, cela paraissait raisonnable mais, le problème c’était que cette somme, je ne l’avais pas. Vu la tête d’enterrement que je faisais, elle a dû le comprendre et proposa :

  • Si c’est trop cher, je peux demander à mes parents de payer.
  • Non, Chrissie. Jérèm paye pour Linda, je paierai pour toi, je vais me débrouiller.

Je ne savais pas du tout comment j’allais faire mais j’étais trop orgueilleux pour la laisser payer pour moi. Je n’ai pas de tunes mais j’ai ma fierté.

Chrissie, voyant que ces vacances de rêve semblaient compromises, tenta de me rassurer en disant  :

  • C’est pas grave si on ne peut pas y aller. Moi tant que je suis avec toi, ça me va.

Elle me mentait, je savais qu’elle mourrait d’envie d’y aller et elle avait déjà acheté plein de nouveaux maillots de bain et ce n’était sûrement pas pour aller à la piscine municipale.

2 mars 2024

Annonce aux parents

Mon retour chez mes parents a été très folklorique. Ils sont trop drôles tous les deux. Alors que je prenais la route pour rentrer, je me suis demandé si papa était encore à la maison, j’ai donc appelé ma mère :

- Maman, c’est Fred. Je te réveille pas ?

- Chéri, tu sais bien que je me lève tôt. Mais, c’est plutôt à moi de te poser la question, ça va ? Ça doit être grave pour que tu m'appelles à une heure pareille

- Non, maman. Qu’est-ce que tu vas chercher ? Papa est encore à la maison ?

- Oui.

- Je suis sur la route, J’arrive. J’ai quelque chose à vous annoncer.

- Quelque chose à nous annoncer mais quoi ?

- J’arrive, je suis à deux minutes. Je vous le dirai  dans un instant.

Quand je suis arrivé, j’ai garé ma voiture dehors et je me suis alors dirigé vers la maison. La fenêtre de la cuisine étant ouverte, il y avait de la lumière, j’entendais les voix de mes parents. Sans faire de bruit, je me suis approché et je les ai écouté :

- C’est pas faute de lui avoir dit et redit de mettre des capotes, de se protéger mais ils n’écoutent pas ces jeunes, se lamentait ma mère. Et toi, je t’avais dit de parler sexualité avec lui quand il est passé samedi.

- Tu sais, c’est pas évident…. Et puis, ce n’est peut être pas ça qu’il va nous dire, rétorqua mon père.

- Qu’est-ce que ça peut être d’autre ?

- J’en sais rien, il est amoureux et il veut peut-être se marier ? suggéra mon père.

- Fred est jeune mais pas fou !  s’exclama ma mère d’une voix forte et catégorique.

Ça alors ! Jamais je n’aurais cru que ma soit-disante annonce les aurait autant perturbés. Alors j’ai décidé d’entrer et de m’amuser un peu à leur dépend.Je suis allé comme si de rien était à la porte d’entrée qui était ouverte et je me suis annoncé :

- Papa, maman ! Je suis là !

- On est dans la cuisine. Viens, on t’attend !

Quand je suis entré dans la cuisine, ma mère était assise les bras croisés comme en stress. Elle, qui était tout le temps contente de me voir rentrer à la maison, n’a même pas souri en me voyant. Elle était si tendue que ça la rendait méconnaissable. Mon père était debout, il venait de se préparer un café. Il m’a fait un sourire crispé et m’a demandé :

- Bonjour Fred, Tu es seul ?

- Oui, pourquoi ? ai-je lancé un peu surpris.

- On pensait que tu venais avec ta copine.

Je trouvais bizarre qu’ils puissent penser ça.

- Qu’est-ce que tu as de si important à nous annoncer ? a demandé ma mère qui n’en pouvait plus d’attendre la redoutable nouvelle.

Je lui ai alors joué mon plus grand rôle.

- Mais voyons, maman, qu’est-ce qu’il t’arrive ? tu ne me proposes pas un ptit café ? Elle est où l’hospitalité réunionnaise ? Doucement ! Laisse moi le temps de m’installer.

Ma mère était sur le point d’exploser. Je riais intérieurement et me délectait de ce moment.

Papa a dit à ma mère :

- Laisse, je vais le lui préparer,  son café.

Je souriais en attendant mon café. Ma mère ne desserrait pas les dents. Quand mon père déposa la tasse devant moi, ma mère reprit :

- Alors, c’est quoi cette nouvelle ?

J’ai bu une gorgée, puis une autre…

Je voyais que ma mère n’en pouvait plus d’attendre.  Elle avait sûrement envie de prendre cette tasse et la vider dans ma gorge pour en finir. Je repris alors :

- Ce que je vais vous annoncer, c’est un changement dans ma vie, et dans la votre…

- Quel changement ? m’a-t-elle demandé.

- Oui, comme vous savez que ça fait un moment que je vois une fille et que j’habite chez elle. Ma relation avec cette fille a évolué…

- Évolué comment ? repris mon père.

- Allez, crache le morceau ! lança ma mère qui redoutais le pire.

- Oui, notre relation a changé, il y a un fait nouveau qui a tout bouleversé. C’est pour cette raison que je suis venu pour vous voir ce matin. J’ai besoin de savoir si vous êtes d’accord pour…

J’ai fait exprès de m’arrêter à ce moment précis pour faire durer le suspense. C’était vraiment trop bon de faire languir mes parents comme ça. Ma mère était comme une cocotte minute sous pression, elle s’exclama :

- D’accord pour quoi ?

Bon, j’ai fini par le dire :

- D’accord pour que je revienne vivre ici avec vous.

- Toi et ta copine, vous voulez vivre ici avec nous ?

- Moi et ma copine ? Non, je veux revenir vivre ici avec vous comme avant. Et ma copine, elle va rester chez elle.

Il manquait plus que ça que Chrissie vienne vivre ici avec moi. Ils ont de ces idées… Comme le dit si bien ma mère : « Je suis jeune mais pas fou. »

- Il y a de l’eau dans le gaz entre vous ? me demanda mon père.

- Non, ça va.

- C’est quoi le fait nouveau alors ?

Là, j’ai préféré leur mentir. Je n’avais pas envie de leur exposer la situation, la dispute avec Ludivine.

- Il y a la sœur de ma copine qui est venue s’installer et rien n’est plus comme avant... Je sors toujours avec elle mais je préférais venir dormir ici, si vous le voulez bien.

- Bien sûr que tu peux revenir vivre ici avec nous. Tu n’avais pas besoin de faire tant de mystère, me répondit ma mère vraisemblablement soulagée.

- Oui, mais je voulais le faire bien.

Je voulais surtout leur faire bien peur.

Ma mère a souri et me demanda juste pour être sûre et bien sûre :

- Il n’y avait donc pas de bébé ?

- Non, maman ! Il n’y a pas de bébé ! Il n’y a que ton bébé à toi qui va rentrer à la maison.

- Oh, mon garçon. Viens dans mes bras. Si tu savais à quel point j’ai eu peur.

Je suis allé me blottir dans ses bras. Ma mère, une mère comme on n’en fait plus.

Même mon père a fini par l’avouer :

- Ah fiston, tu nous as fait une peur bleue avec cette annonce à 6 heures du matin.

J’ai rigolé en disant :

- Désolé. J’avoue que faire une annonce à 6 heures du mat pour un lève-tard comme moi, ça n’augurait rien de bon. Je comprends, ça avait de quoi vous faire peur.

On a fini par en rire tous les trois. Ah, mes parents, ils sont trop forts, surtout pour se faire des films. Ils me font trop marrer. J’ai vraiment kiffé de leur faire peur. Ils voulaient que je reste déjeuner avec eux mais comme j’avais promis à Chrissie de manger avec elle à midi, je voulais tenir ma parole. Je savais que c’était déjà très dur pour elle cette séparation. Avant que je parte retrouver Chrissie, ma mère m’a avoué qu’elle était très heureuse que je revienne vivre à la maison, que je leur manquais beaucoup. Tout allait donc bien dans le meilleur des mondes, j’étais content de rentrer et ils étaient contents que je rentre.

20 février 2024

Départ

Je suis sorti de la chambre de Ludivine et je suis parti. Chrissie m’a couru après en me demandant où j’allais.

-      J’ai besoin d’aller prendre l’air, lui ai-je répondu.

- Attends-moi !

Même si j’avais envie d’être seul, je ne pouvais rien lui dire. Je savais bien qu’elle avait en partie raison.  Si au début, j’ai voulu rapprocher les deux sœurs, je me rends compte aujourd’hui que la seule personne qui s’est rapprochée de Ludivine, c’est moi. J’aimais et je recherchais sa compagnie malgré moi. Ludivine n’a rien fait pour me retenir dans sa chambre, c’est moi qui ai voulu rester. Si Chrissie n’était pas arrivée, je ne sais pas jusqu’à quelle heure je serai resté dans cette chambre. Je me sens mal car tout est de ma faute, non seulement j’ai fait de la peine à Chrissie mais en plus à cause de moi, Ludivine se retrouve encore plus seule et plus triste qu’elle ne l’était au départ.

Chrissie et moi avons erré en ville pendant une heure. Elle me suivait sans rien dire et sans même savoir où j’allais. Elle s’en fichait. Peut-être que j’aurais dû rompre avec elle à ce moment-là car je sais qu’avec elle, je vais droit dans le mur. Mais j’avais besoin de calme dans ma tête et surtout pas d’une nouvelle crise.

Je l’ai emmenée près du gymnase. Il y avait un banc en face d’un mur d’escalade, je me suis assis là. J’ai regardé ce mur désert et après quelques secondes de réflexion, je lui ai dit :

-         Je ne peux plus rester chez toi, Chrissie.

-      Tu vas me quitter ? m’a-t-elle demandé d’une voix inquiète tremblotante.

-         Non, on reste ensemble mais tu comprendras qu’après ce qui vient de se passer, c’est plus possible, c’est vraiment plus possible. Il vaut mieux que je m’en aille. Ça ne marche pas, je voulais vous rapprocher mais c’est de pire en pire.

-         Tout ça c’est de la faute de Ludivine…

-         Non, arrête. Ludivine n’a rien fait. J’aurais jamais dû rester aussi longtemps dans sa chambre, je suis désolé. Je m’entends super bien avec elle mais ça ne peut pas marcher. Si je reste, ça va être l’enfer. Je vais retourner vivre chez mes parents.

-         Oh, non, Fred ! a-t-elle crié désespéré.

-         T’inquiète, on continuera à se voir. Je viendrai à l’appartement quandLudivine sera au travail, et le soir, on dînera ensemble dehors si tu es OK.

-         Oh, Fred. Je sais que tu vas me manquer… Mais tant que je reste avec toi, je suis OK.

-         Et puis, il y a les vacances avec Jérèm, on sera ensemble pendant deux semaines.

-         Oui, c’est vrai, a-t-elle lancé en souriant.

Comme l’endroit était désert, je suis resté là avec elle, un long moment. J’essayais de la rassurer sur l’avenir de notre couple. Mais, comment convaincre quelqu’un de croire en quelque chose en laquelle on ne croit pas soi-même ?

-         Je rentre chez mes parents ce soir. Je passerai récupérer mes affaires demain, lui ai-je annoncé.

-         Reste une dernière nuit, je t’en prie, m’a-t-elle supplié.

-         OK, juste une nuit, une dernière.

On est donc rentré chez elle vers 23 heures. Passer une dernière nuit avec elle a sûrement contribué à la rassurer sur nous.

Mais pour moi, ce fut une nuit très agitée. J’ai fait de drôles de rêves ou plutôt des cauchemars. À chaque fois, je me réveillais en sursaut et je me rendormais. Je les ai tous oubliés, sauf le dernier, un rêve érotique. Un rêve si intense que je suis incapable de me le sortir de la tête. J’étais au lit avec une fille. En fait, j’étais en elle, en pleine action. C’était bon, si bon que j'avais l’impression de le faire pour de vrai, de la sentir profondément... Je voulais aller plus loin en elle, plus fort…  Quand je me suis approché d’elle pour l'embrasser, le choc ! C’était Ludivine qui me regardait et me souriait.  J’étais en train de le faire avec Ludivine ! Je me suis alors réveillé en sursaut. J’avais le cœur qui battait très fort. Quelle angoisse ! Là, je me suis levé et je me suis dit qu’il fallait que je quitte cet appartement et que je le quitte tout de suite.

Il était 4 heures 33, Chrissie dormait encore. Je suis allé prendre une douche froide. Puis, j’ai pris toutes mes affaires, j’ai tout mis dans un sac, j’étais fin prêt à partir. Je savais que Ludivine se levait vers 6 heures, je voulais partir avant son réveil.

Vers 5 heures, j’ai réveillé Chrissie.

- Mais qu’est-ce que tu fais tout habiller, Fred ? Tu t’en vas ? Tu pars déjà ?

Je l’ai prise tout contre moi et je lui ai dit :

-         T’inquiète, je reviens te voir tout à l’heure. Je veux partir avant que Ludivine se lève.

-         Tu viens vers quelle heure ?

-         A midi, on déjeunera ensemble.

-         OK, a-t-elle répondu en souriant.

Je l’ai embrassée, puis j’ai quitté la chambre. Quand je suis passée devant la porte de Ludivine, je ne sais pas pourquoi mais mon cœur s'est serré, comme si je la quittais elle aussi. Mais j'étais convaincu au fond de moi, et je le suis toujours, que c'était la meilleure chose à faire, pour elle, pour Chrissie et pour moi.

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6 février 2024

Le point de non retour

Et là, de façon tout à fait prévisible, pareille à une grenade qu’on venait de dégoupiller, elle a explosé :

-         Non, mais je rêve ! C’est pas possible ! Je pars une après-midi et voilà que je retrouve Fred dans ta chambre ! C’est pas croyable ça ! Y a pas moyen, dès que j’ai le dos tourné, il faut que tu lui sautes dessus !

J'étais tout gêné, je ne savais quoi répondre. Ludivine tenta en vain de s'expliquer :

-         C’est pas du tout ce que tu crois ! Fred m’a juste aidé à porter un carton dans ma chambre. C’est tout !

-         C’est tout ? C’est tout ? Non, ce n’est pas tout ! Un carton, encore un prétexte pour l’attirer dans ta chambre. C’est ton chevalier servant, tu sais qu’il ne peut rien te refuser. Hier, ça t’a pas suffi l’humiliation que j'ai subie à cause de toi. Moi, sa copine, il m'oublie dans un vestiaire, et j’étais obligée de courir pour vous rattraper. Tu sais, Ludivine, tu es ma sœur et je te connais. Je sais quand un garçon t’intéresse. Tu te fais toute gentille, toute mielleuse, tu le fais rire, tu fais la cuisine, ton meilleur plat et tu arrives même à te mettre en situation de princesse en danger pour qu’il vienne te sauver. Aujourd’hui, tu voulais quoi ? Qu’il teste ton lit ? Si j'étais pas rentrée, jusqu’où seriez-vous allés ?

Elle me regarda dans les yeux et j’ai eu honte. Je n’arrivais pas à la regarder. Je me sentais fautif. Même si je n’avais rien fait avec Ludivine, je n’avais pas à être là dans sa chambre, surtout connaissant la jalousie de Chrissie pour sa sœur.

-         Crois ce que tu veux mais Fred et moi, on ne faisait que discuter…

-         Et pourquoi vous n’êtes pas allés discuter dans le salon ? Pourquoi tu ne le laisses pas tranquille ? Si tu veux un mec, bouge-toi ! On te traite de grosse et tu te consoles dans les pots de Nutella. Arrête de t’empiffrer, fais un régime !  Mais, non, pourquoi se fatiguer et chercher ailleurs ? Il y a un mec qui vit ici, il est beau et gentil, c’est tellement plus simple de piquer le petit ami de ta sœur. Si tu préfères, on se le partage, un soir chez toi, un soir chez moi…

-         Arrête, Chrissie, ai-je crié, tu vas trop loin !

-         Je ne vais pas trop loin, Fred. J’en ai marre, marre, marre ! J’en ai vraiment marre d’avoir une sœur comme celle-là !

Je voulais lui dire que c’était ma faute, que je n’aurais pas dû rester dans sa chambre mais c’était trop tard. Il n’y avait plus rien à dire. J’ai regardé Ludivine, blessée par tout ce que Chrissie venait de lui balancer, elle était triste et avait le regard vide. Je suis sortie de sa chambre et je me suis dit qu’il était temps que je quitte cet appart. C’était allé trop loin, bien trop loin. Nous avions atteint ce jour là le point de non retour.

24 janvier 2024

La chambre avec vue

Ce matin, on s’est réveillé tard, fatigués par la soirée chez Jérèm. Quand j’ai ouvert les yeux, il était 11 heures 10, Chrissie était en train d’envoyer un message à Linda. Puis, elle m’a informé qu’elle avait besoin de faire quelques achats pour les deux semaines de vacances, qu’elle souhaitait faire du shopping avec Linda cet après-midi. Elle m'a demandé si je voulais l’accompagner. Je lui ai dit que j’étais fatigué et qu’elles seraient mieux toutes les deux. Vers 14 heures, je me suis donc retrouvé seul à la maison. Oh, ça ne me dérangeait pas un peu de calme, ça ne m'était encore jamais arrivé. J’allais m’installer dans le canapé pour regarder la télé, quand j’ai entendu un bruit de clé dans la porte. Quelle ne fût pas ma surprise de voir que c’était Ludivine qui entrait avec un carton.

-          Ludivine ? Mais qu’est-ce que tu fais là ? ai-je demandé.

-          Quelle drôle de question ! J’habite toujours ici, je te rappelle.

C’est vrai que ma question pouvait être mal prise mais je savais qu’elle me taquinait, j'ai souri. Et elle a fini par me répondre :

-          J’ai pris une journée de congé aujourd’hui. J’avais des courses à faire.

Le carton qu’elle portait semblait vraiment lourd.

-          Attends, je vais t’aider.

Sans attendre sa réponse, j’ai pris le carton de ses mains.

-          Merci, a-t-elle répondu, c’est vrai qu’il était lourd.

En effet, je constatais qu’il devait peser environ une vingtaine de kilos, peut-être trente.

-          Je le mets où ? ai-je demandé.

-          Tu peux le déposer dans ma chambre.

Elle m’a ouvert la porte et je suis entré. C’était la première fois que j’entrais dans la chambre de Ludivine et je ne sais pourquoi ça m’a fait quelque chose. C’était comme pénétrer dans un lieu interdit, stressant et excitant en même temps. Elle m’a dit de poser le carton sur son bureau, ce que je fis. Sa chambre était beaucoup plus grande que celle de Chrissie. Elle ressemblait à une chambre d'adolescente, il y avait un poster de Zelda et une affiche de ciné pour un film de science-fiction que je ne connaissais pas. Elle avait un ordi avec un très grand écran incurvé et chaise de gamer. Elle semblait naviguer dans un univers de geek où tout était en ordre et bien rangé. Sur son lit, il y avait un drap bleu ciel et plein d’oreillers de toutes les tailles, une dizaine peut-être. Il n’y avait pas de sous-vêtements qui traînaient… Pourquoi étais-je en train de chercher des sous-vêtements ? Je suis incorrigible.

Ludivine m’a remercié. J’aurais dû quitter sa chambre à ce moment là mais je l'ai vu retirer de drôles d’objets de son carton. Curieux, je suis donc revenu vers elle et je lui ai demandé ce que c’était.

Elle m’expliqua que c’étaient des pièces pour son projet de Master. Elle travaillait sur le prototype d'un robot assistant santé. Elle pensait installer dans la coque différents instruments de mesure médicale : thermomètre, tensiomètre, oxymètre…etc, et une I.A qui pourrait faire une synthèse des résultats qui serait transmis au médecin ou un autre professionnel de santé. J’étais impressionné.

-          Waouh ! Tu envoies du lourd, dis donc !

-          Il faut que j'arrive à l’assembler et à voir si ça marche. Et si ça marche, il me faut le rendre commercialisable, c’est pas gagné.

-          Si t’as besoin d’un coup de main, je serai ravi de t’aider.

Elle m'a souri et m'a répondu :

-          Ok. Sors toutes les pièces du carton. Je vais prendre mes notes.

Je me suis exécuté et tous les deux, on a commencé  à monter son robot. C’était cool. Elle était si enthousiaste et si joyeuse, ça  faisait plaisir à voir. Rien à voir avec la Ludivine d’hier. À un moment, je lui ai demandé :

-          Pourquoi tu n’as pas voulu venir avec nous chez Jérèm ?

-           Je vous l’avais dit, j'étais fatiguée.

-          Pas à moi, Ludivine !

Elle m’a souri et finit par me dire la vérité :

-          OK, après tout ce qu’il y a eu avec Chrissie, votre engueulade à cause de moi, j'ai pensé que ce serait mieux que je ne vienne pas. Et puis Linda et Jérèm sont ses amis et pas les miens.

-          Je m’en doutais mais je comprends. Mais, dommage pour toi, t'as raté un bon repas.

-          Ah ouais ?

-          Mais, t’inquiète, comme je déteste le gaspillage, j’ai mangé ta part.

-          Mais, qui t’a dit de manger ma part ? T’aurais pu ramener un doggybag pour moi, espèce de gourmand !

Elle me frappa gentiment et on a rigolé. Je lui ai raconté notre soirée, ce que Jérèm avait préparé et son grand appart avec vue que j’avais trouvé magnifique.

Elle m’a regardé et m’a confié :

-          Moi aussi, j’ai choisi cet appart pour la vue. Viens. Je te montre.

Je l'ai suivi jusqu’à la grande fenêtre au fond de la pièce. Elle tira les rideaux et ouvrit la fenêtre vitrée. Et là, je me suis retrouvé face à un paysage complètement inattendu. Il y avait la ville en premier plan mais juste derrière on pouvait voir le petit village d’à côté perché sur une colline. Même si c’était loin, je pouvais discerner les champs, un troupeau de vaches. Dieu que c’était beau. J’avais l’impression d’être à la campagne alors que j’étais bien en ville dans un immeuble.

Je me suis retourné vers elle et je me suis exclamé :

-          Waouh ! C’est incroyable, jamais je n’aurais cru que tu avais cette vue là ici. C’est beau !

-          Tu vois, je t’avais dit.

Elle souriait. Ses yeux brillaient. Nous étions côte à côte à cette fenêtre, je n’avais jamais été aussi près d’elle. Je pouvais voir tous les détails de son visage que je n’avais jamais vus. Ses cicatrices d’acnés sur ses joues que le temps n’avait pas réussi à effacer, ses yeux bleus à la forme d’amande, ses lèvres roses qui avaient l’air si douces… Pourquoi étais-je en train de la regarder comme ça ?

Elle prit une grande inspiration et m’invita à faire de même. Tout semblait parfait à cet instant précis.

-          Quand je fais ça, me dit-elle, c’est comme si je me téléportais là-bas. Je sais que c’est différent mais ça me fait penser à chez moi, aux paysages de la Bourgogne avec ses champs de colza, ses verts pâturages, ses vaches, ses vignes et ses petites maisons d’un autre temps.

J’étais si absorbé par ce qu’elle était en train de me dire que je n'ai pas entendu Chrissie entrer. Elle était à la porte de la chambre et elle nous a vus tous les deux accoudés à cette fenêtre. Et là, de façon tout à fait prévisible, pareille à une grenade qu’on venait de dégoupiller, elle a explosé...

10 janvier 2024

Le dîner chez Jérèm

Vers 19 heures, nous nous sommes préparés pour nous rendre chez Jérèm. En sortant de la chambre, Chrissie est allée toquer chez Ludivine pour lui dire que c’était l’heure. Ludivine n’a pas ouvert, elle lui a répondu qu’elle était fatiguée et d’y aller sans elle,  Chrissie n’a pas insisté. Je pense même qu’elle était très contente que cette dernière ne vienne pas. Moi, j’avoue que ça m’a inquiété. Mais je n’ai rien dit car je venais tout juste de me réconcilier avec Chrissie, ce n’était pas le moment de la rendre de nouveau jalouse et suspicieuse.

Nous nous sommes donc rendus chez Jérèm qui habite dans un immeuble à l’autre bout de la ville dans un quartier chic. Son appartement est grand et magnifique. Bien situé, il a un balcon avec une vue imprenable sur la ville. À notre arrivée, Jérèm a tout de suite demandé où était Ludivine, Chrissie l’a excusée. Quand elle lui a dit que Ludivine était fatiguée, Jérèm m’a regardé comme s’il ne la croyait pas et qu’il voulait que je confirme. J’ai haussé les épaules, que voulait-il que je dise ? Je n’en savais rien. Linda a proposé de nous faire visiter l’appartement pendant que Jérèm est allé sortir le gratin du four.

Ce repas chez Jérèm, ça a été une vraie tuerie : gratin de légumes et salade verte en entrée, rôti de poulet avec des pommes de terre, profiteroles en dessert. Je me suis régalé, un vrai goinfre. Comme je fais beaucoup de sport avec Chrissie, ça creuse, j’avais vraiment besoin de reprendre des forces. Chrissie m’a fait une remarque quand j’ai repris une deuxième assiette. Je lui ai dit que je mangeais la part de Ludivine. Quand je lui ai fait cette réponse, je n’ai pu m’empêcher de penser à Ludivine. La connaissant, elle aurait adoré ce repas et qu’elle se serait fait plaisir. On a tous vraiment bien mangé, même Chrissie qui n’est pas une grosse mangeuse, a tout mangé.

Ce fut une agréable soirée. Nous avons parlé rugby. J’ai dit à Jérèm que j’en faisais avant et je lui ai avoué que lorsque je l’avais vu jouer, j’ai regretté d’avoir arrêté. J’ai aussi ajouté que je le voyais bien devenir capitaine un jour car non seulement, il a un excellent niveau mais aussi un bon esprit. Pas comme Jo.

Quand Chrissie m’a entendu dire ça, elle s’est empressée de prendre la défense de Jo.

-          Tu exagères, Fred. Jo aussi est un très bon capitaine. Il a un vrai leadership et il est très gentil.

-          Très gentil avec toi ! Moi, je l’ai vu traiter très mal les gars après une défaite. Il a un très mauvais caractère.

Je voyais que Chrissie n’était pas d’accord avec moi. Je sais qu’on s’était rencontré grâce à Jo mais, je ne lui dois pas allégeance pour autant. Moi je connais Jo depuis longtemps, il est fier, arrogant et il se prend pour le centre du monde. Je l’ai trouvé souvent méchant et injuste dans ses critiques envers certains joueurs de l’équipe. Moi, j’étais meilleur que lui, il ne m’a jamais rien dit mais depuis mon histoire avec Lena, je ne le supporte plus, je ne peux plus l’encadrer. J’ai même envie de quitter l’équipe.

Après le repas, Jérèm a tout mis dans son lave-vaisselle. J'ai trouvé ça bien pratique, on n’en a jamais eu à la maison. Pendant que Chrissie et Linda étaient sur leurs téléphones (encore et toujours…), je suis allé admirer la vue à son grand balcon.

La nuit, la ville était tout illuminée, c’était beau. Jérèm est venu me rejoindre.

-          Ton appart est vraiment sympa. J’adore la vue de ton balcon, ai-je lancé.

-          La vue, c’est ce qui a joué dans mon choix. Même si ça me revenait un peu plus cher, ça vaut le coup.

Il m’a dit qu’il était technicien dans une boîte d’électricité et qu’il s’en sortait bien financièrement.

Puis, il m’a posé une question surprenante :

-          Ça va entre toi et Chrissie ?

-          Oui… Pourquoi tu dis ça ?

-          Chrissie a dit à Linda que tu étais à deux doigts de la quitter, c’est vrai ?

J’étais surpris sur le coup, mais vu l’amitié complice qui les liait, j’aurais dû m’y attendre.

-          Et bien, dis donc ! Elles se disent tout ces deux là !... Non, je n’allais pas la quitter définitivement mais elle m’a tellement pris la tête que j’ai voulu me casser et rentrer chez moi.

-          Qu’est ce qui s’est passé ?

-          Elle est tellement jalouse que je la trouve insupportable par moment. Je ne sais plus quoi dire ou quoi faire pour éviter qu’elle parte en live et qu’elle me fasse une scène. Ça vous arrive avec Linda ?

-          Non, jamais. Je ne lui donne aucune raison d’être jalouse. Depuis je sors avec elle, je n’ai plus aucune raison de regarder ailleurs et je crois qu’elle le sait.

-          Moi aussi, je ne regarde plus ailleurs. Je suis très content de sortir avec elle. Elle est jolie, intelligente et on s’entend très bien au lit si tu veux tout savoir. Mais, c’est à la maison, avec Ludivine, c’est l’enfer !

-          Ah bon ?

-          Au début, Chrissie et moi, on sortait très peu de la chambre, on ne pensait pas à Ludivine. On ne dinait même pas avec elle. Je la croisais uniquement quand j’allais aux toilettes. Il y a quelques jours, j’ai discuté avec elle et j’ai compris qu’elle se sentait un peu seule. J’ai  voulu rendre cette collocation un peu plus agréable. J’ai proposé qu’on dîne ensemble tous les soirs mais Chrissie ne voit pas les choses comme moi et elle me fait des scènes à chaque fois. Elle n’aime pas que je discute avec Ludivine, que je ris avec elle, que je lui fasse un compliment… C’est pénible, vraiment pénible.

-          Tu as l’air de beaucoup apprécié Ludivine ?

-          Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi !

-          J’ai juste dit que tu avais l’air de l’apprécier, c’est tout, a confirmé Jérèm en souriant.

J’ai souri et je ne sais pas pourquoi mais je me suis confié à lui sur ce que je ressentais pour Ludivine :

-          Ludivine, c’est une fille vraiment bien. Elle est marrante, intelligente, sensible…  Oui, je l’apprécie beaucoup et je trouve qu’elle mériterait vraiment de trouver quelqu’un de bien qui l’aimerait comme elle est.

-          Tout à l’heure, dans le vestiaire, je t’ai trouvé impressionnant. Il y avait une telle puissance, une telle force dans ta voix quand tu as crié sur mes gars. Même si certains font le double de ton poids, je crois qu’aucun d’entre eux n’aurait voulu se frotter à toi. Tu m’as bluffé. Ludivine a beaucoup de chance de t’avoir. Quand j’étais enfant, j’étais moi aussi le petit gros dont tout le monde se moquait. J’aurais bien aimé avoir quelqu’un qui puisse faire pour moi, ce que toi, tu as fait aujourd’hui pour Ludivine. C’est vrai que ça a gâché l’ambiance tout d’un coup mais ça leur apprendra.

J’ai souri en me rappelant la tête de ces gars. Après un temps de silence, Jérèm reprit en me posant une question cash :

-          Tu ne penses pas que tu as emménagé trop tôt avec Chrissie ?

-          Trop tôt ? Je n’ai rien calculé. C’est arrivé comme ça.

-          Moi et Linda, on n’habite pas ensemble. Elle vous a fait visiter tout à l’heure mais elle habite toujours chez ses parents et on se voit le soir et je la ramène chez elle avant minuit. Même si j’aimerais rester tout le temps avec elle et faire ma vie avec elle, je pense qu’il ne faut pas précipiter les choses. La distance et le manque entretiennent l’amour.

-          Wouah ! Tu es aussi philosophe !

-          Comme je ne suis pas tout le temps avec Linda, j’ai le temps de philosopher.

On a ri et il a proposé de rejoindre les filles.

Quand nous étions avec les filles, Jérèm nous a annoncé qu’il allait prendre deux semaines de congés. Il a proposé qu’on prenne une location tous les quatre dans la station balnéaire d’à côté. Les filles étaient folles de joie. Moi aussi, j’étais content de sa proposition mais j’espérais juste que sa location n’allait pas me coûter un bras.

Puis, nous sommes rentrés. C’était une super soirée. Je me rends compte aujourd’hui que j’ai confié beaucoup de choses à Jérèm. Pourtant, je le connais à peine. Bizarrement, je sens que c’est quelqu’un de bien et que je peux lui faire confiance. Je sens que je pourrais même lui confier ma vie, c’est dingue !

1 janvier 2024

Le match de rugby - Partie 2 (fin)

Quand j’étais au collège, je faisais UNSS Rugby, j’étais bon. J’aime bien ce sport mais en quittant La Réunion, j’ai dû tout arrêter, et ici, je me suis mis au basket.  J’étais content de regarder ce match, ça m’a rendu nostalgique. Chrissie, elle, passait son temps à faire des selfies et des lives sur Ticbook. Linda ne quittait pas des yeux son chéri, qui je l’avoue, jouait vraiment bien. Ludivine regardait le match, elle était à fond dedans. On voyait qu’elle aimait bien ce sport, elle criait de joie à chaque essais de l’équipe de Jérèm. Quand l’arbitre siffla la fin du match, elle se tourna vers moi en hurlant de joie : « Ils ont gagné ! » Je lui ai souri et je lui ai dit : « Quel match ! Ils ont super bien joué, surtout Jérèm. Ils méritent leur victoire. » Je regardais Chrissie qui faisait encore un selfie avec Linda pour annoncer à sa cour d’abonnés, la victoire de l’équipe de Jérèm. Nous allions partir quand Linda nous proposa d’aller voir Jérèm et de faire une photo avec l’équipe. La photo avec l’équipe, c’était encore une idée de Chrissie. Nous l’avons donc suivie. Dans les vestiaires, l’équipe était en train de chanter, de rire. L’ambiance était à la fête, à la joie. Je suis allé voir Jérèm avec les filles. Je l’ai félicité et je lui ai dit qu’il m’avait impressionné. Il était content de lui et de sa performance mais il restait modeste et attribuait la victoire au travail collectif de son équipe. Linda et Chrissie lui ont demandé pour la photo. Il alla en parler aux autres. Soudain, j’ai entendu une discussion entre plusieurs gars de l’équipe :

-          Y a des filles qui veulent faire des photos avec nous, les gars !

-          Quelles filles ?

-          Il y a la copine de Jérèm qui est venue avec deux filles. Regarde là-bas.

-          Moi, je veux bien faire la photo mais je veux être à côté de la petite blonde, je vous laisse l'autre. Jérèm voulait me la présenter, il paraît qu’elle est célibataire. Je crois qu’il a oublié que je n’avais pas le permis poids lourd ! a-t-il lancé sur un ton railleur.

Certains gars de l’équipe ont rigolé. J’ai regardé Ludivine qui était là à quelques mètres d’eux et qui a dû tout entendre. Elle regardait tristement le sol comme si elle le priait de s’ouvrir pour s’y  enfoncer et disparaître. Je la voyais, elle était si triste que ça m’a bouleversé. Je n’ai pas pu le supporter et je sentais monter en moi une colère que j’avais du mal à contenir. Je me suis avancé vers le joueur en serrant les poings et je l’ai interpelé :

-          Ça te fait rire ? T’es fier de toi ? Et bien, moi, ça ne me fait pas rire ce genre de blagues. Non seulement, ça ne me fait pas rire mais ça me dégoutte les gars comme toi qui pour se rendre intéressant, se moque des autres et les rabaisse. Bravo le rugby ! Belle mentalité ! Allons Ludivine, on se casse !

Ludivine m’a regardé et m’a souri. Tous les deux nous sommes sorti du vestiaire. Chrissie nous a couru après en nous criant :

-          Attendez-moi !

Pas envie de l’attendre… J’étais encore tout énervé J’avais envie de partir de là au plus vite. Ludivine s’est arrêté et elle m’a touché la main. Je me suis arrêté et je l'ai regardée. Ses yeux brillaient, je crois qu’elle était tellement émue qu’elle avait envie de pleurer.

-          Merci Fred, merci pour ce que tu as fait.  Toute ma vie, j’ai subi ce genre de moqueries surtout mon poids, sur mon corps. Je m’y étais habitué et j’encaisse. Mais avant toi, personne n’avait jamais pris ma défense. Jamais, je ne l’oublierai, jamais.

-          Oh, c’est rien. Ça me met hors de moi les petits cons dans son genre.

-          Tu lui as foutu, la honte !

-          Tant mieux.

Chrissie est arrivée et Ludivine n’a plus rien dit.

-          Pourquoi tu ne m’as pas attendu, Fred ?

-          Qu’est-ce que je suis en train de faire là ?

-          Pas là, quand on était dans les vestiaires, tu es parti avec Ludivine, sans même me regarder.

-          Tu voulais une photo avec eux, non ? Je t’ai laissé faire ta photo. Allons-nous en !

On a regagné la voiture. Je venais à peine de démarrer quand j’ai vu Jérèm courir vers nous. Je me suis arrêté, il s’approcha de la portière conducteur et me dit :

-          Je suis désolé pour ce que mes gars ont dit. Ils déconnent de temps en temps mais ils ne sont pas méchants.

Il regarda Ludivine à l’arrière et il s’excusa :

-          Désolé Ludivine…

J’étais surpris de voir Jérèm s’excuser comme ça, car il n’y était pour rien dans tout ça. Il confirma ce que je pensais déjà de lui, c’était vraiment un gars bien et j’en connaissais pas beaucoup des comme lui. Je l’ai coupé et je lui ai dit :

-          Tu n’as pas à t’excuser pour les bêtises de tes potes.

-          Je sais mais vu que c’est moi qui vous ai invité, je trouve que c’est la moindre des choses. Pour oublier tout ça, je vous invite à dîner à la maison ce soir pour fêter notre victoire. Linda te donnera l’adresse, Chrissie.

-          S’il n’y a pas le reste de ton équipe, c’est OK, ai-je répondu.

-          Que nous cinq, promis.

-          OK, à ce soir alors.

-          A ce soir 20 heures, bon retour à vous !

J’ai redémarré et Chrissie fit une remarque concernant Jérèm :

-          Il est vraiment gentil, Jérèm. Je comprends que Linda ne veuille plus le quitter.

-          Et moi, je ne suis pas gentil peut-être ? ai-je rétorqué un peu jaloux.

-          Si, tu es gentil mais tu aurais quand même dû rester avec moi au lieu de partir avec Ludivine comme tu l’as fait !

-          Tu ne vas pas remettre ça sur le tapis !

-          Et bien oui, pourquoi pas ! Tu m’as laissé dans ce vestiaire avec tous ces garçons qui me regardaient comme si j’étais un bout de viande.

-          Si tu n’avais pas mis cette robe, ils ne t’auraient pas regarder comme un bout de viande !

-          Et maintenant ça va être de ma faute ? Mon petit ami part avec ma sœur et me laisse seule dans un vestiaire rempli de garçons en rut, et c’est de ma faute !

-          Tu n’étais pas seule, tu étais avec Linda et Jérèm, je savais qu’il ne t’aurait rien arrivé.

-          C’était pas une raison pour partir sans moi. C’est à se demander qui compte le plus pour toi, Ludivine ou moi ?

-          Tu ne vas pas lui reprocher de m’avoir défendu ? lui cria Ludivine sur un ton agacé.

-          Toi, on t'a pas sonné ! D'ailleurs, on n’aurait jamais dû t'emmener!

Puis, s'adressant à moi, elle reprit :

-          Fred, tu as défendu Ludivine et c'est tout à ton honneur, mais, c'est ce que tu as fait ensuite que je te reproche.

Je n’ai plus répondu. J’ai compris ce qu’elle essayait de me dire, où  elle voulait en venir. Elle était pourtant ma copine mais à ce moment précis quand je suis sorti de ce vestiaire avec Ludivine, je crois que j’aurais pu partir sans elle. Ludivine commence à prendre beaucoup de place dans ma vie. Je ne m’en rendais pas compte mais pour une fois, Chrissie avait raison.

Chrissie a boudé tout le chemin du retour. Ludivine aussi ne disait plus rien. À un moment, j’ai zieuté dans le rétro et je l’ai vu fixer le paysage à sa gauche avec un regard triste et mélancolique. À quoi pouvait-elle penser ? Soudain, elle a lancé un regard vers le rétro et elle a vu que je la regardais. J’ai eu honte et j’ai vite détourné mon regard.

Arrivée à l’appart, Ludivine s’est enfermé dans sa chambre et n’en est plus sortie. Chrissie était toujours en colère. Je l’ai suivie dans la chambre et je la regardais ôter ses sandales à talon. Elle m’ignorais volontairement.

Je ne voyais qu’une chose à faire. Je me suis approché d'elle et je me suis excusé :

-          Chrissie, je suis désolé, tu avais raison, je n’aurais pas dû te laisser seule dans le vestiaire comme je l’ai fait.

Elle daigna enfin me regarder.

-          Ah bon ? Tu reconnais maintenant que j’avais raison ?

-          Oui et je te présente mes excuses. J’étais en colère à cause de ce que ce gars avait dit sur Ludivine. Quand je suis en colère, je ne sais plus vraiment ce que je fais. Je suis désolé de t’avoir laissé derrière, je n'aurais pas dû.

Elle m’a regardé et dans son regard, j'ai su qu’elle m’avait pardonné. Elle m'a souri et m'a dit :

-          Oh, Fred ! Que c’est bon de l’entendre de ta bouche !

-          Alors, tu me pardonnes ?

-          Mais, oui ! Bien sûr !

Elle m’a sauté dessus, je l’ai prise dans mes bras et je l’ai entraînée sur le lit… Et c’était reparti pour une réconciliation sur l’oreiller…

29 décembre 2023

Le match de rugby - Partie 1

C’était un dimanche qui avait pourtant bien commencé entre Chrissie et moi. Nous étions en plein dans une petite séance de câlins du matin quand son portable se mit à sonner. Elle m’a dit :

-          C’est Linda !

Elle prit l’appel. J’ai refermé les yeux pour me rendormir, mais Chrissie parlait fort, trop fort. Soudain, je l’ai entendu dire “match de rugby”, je me suis rappelé l’invitation du copain de cette Linda et que j’avais promis à Ludivine de l’y emmener. Je me suis redressé et quand Chrissie eut raccroché, elle m’a dit :

-          Il y a un match de rugby aujourd’hui, ça te dirait d’y aller ?

-          Oui, je sais. C’est le copain de Linda qui m’en avait parlé vendredi.

-          Ah bon ? Je ne m’en souviens pas.

C’était normal qu’elle ne s’en souvenait pas, elle était complètement beurrée à ce moment là.

-          C’est à quelle heure son match ? lui ai-je demandé.

-          A 15 heures cet aprèm.

-          Ok, on va y aller.

-          Super !

J’ai hésité, mais, j’ai fini par me lancer :

-          Je voudrais te demander quelque chose.

-          Quoi ?

-          Est-ce qu’on peut emmener Ludivine avec nous ?

-          Ludivine ? Mais pourquoi ?

Je ne savais pas comment lui dire que j’en avais déjà parlé à sa sœur, j’ai préféré mentir.

-          Ludivine est tout le temps ici, sortir lui permettrait de se changer les idées et de voir d’autres personnes.

-          Quelle bonne idée ! Si elle se trouve un rugbyman, ce serait parfait pour elle. Je vais appeler Linda tout de suite,  je suis sûre que Jérèm a des potes célibataires à lui présenter.

Chrissie était folle de joie et m’a embrassé. J’étais surpris de voir que ce prétexte trouvé in extrémis l’avait convaincue. Elle a tout de suite rappelé Linda pour tout lui dire. Puis, on est allé rejoindre Ludivine qui était en train de prendre son petit déjeuner. Je lui ai dit bonjour avec un grand sourire. J’étais heureux d’avoir pu tenir ma parole et de pouvoir l’emmener à ce match. C’est Chrissie qui lui a dit de venir au match avec nous sans mentionner son idée de lui faire rencontrer quelqu’un. Les deux sœurs étaient joyeuses et discutaient ensemble comme avant. Ça m’a fait plaisir de les voir comme ça.

L’après-midi, Ludivine et moi, on était prêts et on attendait  Chrissie qui ne sortait plus de la salle de bain. Ludivine était vraiment contente de venir, elle n’arrêtait pas de sourire. Elle m’a remercié. Je lui ai dit que c’était rien… Dieu, si elle savait ce que j’avais dû inventer pour que ce soit possible. Quand Chrissie est sortie de la salle de bain, j’ai cru halluciner. Elle portait une robe bleue très moulante et très courte avec des sandales à talons. Maquillée, les cheveux bouclées, elle était sexy de chez sexy. Avait-elle compris qu’on allait passer l’après midi assis dans un stade ?

Ludivine s’exclama :

-          On va au stade, pas en boîte de nuit !

Chrissie l’ignora et me demanda :

-          Comment tu me trouves, Fred ?

-          Tu es jolie, très jolie mais Ludivine a raison, tu devrais mettre autre chose, on va juste voir un match de rugby.

-          Ludivine a toujours raison avec toi ! Et bien, moi je vais garder cette tenue que ça vous plaise ou non !

-          Comme tu veux. De toute façon, on doit y aller, on va rater le début du match si ça continue.

On a pris ma voiture. Chrissie a confirmé que ma caisse était trop classe maintenant qu’elle était comme neuve. J’étais fier. Sur la route vers le stade, Ludivine m’a dit qu’elle ne conduisait pas mais qu’elle allait s’inscrire à l’auto-école en septembre à la reprise des cours. Je lui ai dit que conduire, c’était facile, que je lui apprendrais si elle voulait. Chrissie en colère a voulu que je lui apprenne à elle aussi. Je la trouvais vraiment pénible avec sa jalousie.

Une fois, au stade, Chrissie a retrouvé Linda. Elle nous avait gardé des places. Chrissie s’est assise près de son amie et moi, j’étais entre les deux sœurs... (à suivre)

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Le journal de Fred
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